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LETTRES SUR L’INDE

allé demander la bénédiction. C’était un grand saint, très puissant encore aujourd’hui sous le nom de Kaka Sahib ; ses nombreux descendants, les Kaka Kheil, forment une confrérie dont tous les membres sont inviolables. Ce fut un des étonnements de la frontière, il y a quelques années, quand le colonel Waterfeld, le commissaire de Péchaver, en fit pendre deux, condamnés pour meurtre, en grand apparat, sans que la foudre tombât[1].

Khouchal Khan, plein de respect pour son suzerain religieux, avait donné sa fille en mariage au fils du saint. Il l’envoya de son palais d’Akora à la retraite de l’ermite, sur la montagne voisine de Nauchéhra, avec un douaire splendide de vêtements et de bijoux.

Le soir, le cheikh rentrant de la mosquée, la belle-mère dit à la nouvelle mariée de servir son beau-père : la princesse se lève, fait le salam, apporte la cruche et le bassin et verse l’eau sur les mains du cheikh. Le cheikh, levant les yeux, voit la soie et les bijoux de la jeune femme et lui dit : « Ma fille, nous sommes des faqirs ; ôte bien vite ces vêtements et ces parures et revêts les haillons des pauvres. »

Trois jours plus tard, la mère envoie une

  1. Voir plus haut page 151.