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LETTRES SUR L’INDE

Oh ! je connais bien la justice et l’équité d’Aurengzeb, son orthodoxie dans les choses de la foi, son ascétisme et ses jeûnes :

Ses frères mis à mort l’un après l’autre ; son père : battu dans la bataille et jeté en prison.

Quand un homme battrait son front mille fois contre la terre ou à force de jeûnes ferait toucher son nombril à l’épine dorsale[1] ;

Tant qu’il n’y joint le désir d’agir en honnête homme, ses adorations et ses dévotions ne sont qu’imposture et mensonge.

Celui dont la langue va à droite et le cœur à gauche, que ses entrailles soient déchirées à coups de couteau !

Au dehors le serpent est beau et sa forme est harmonieuse ; au dedans il est tout impureté et tout venin.

Puisque le bras de Khouchal ne peut atteindre le tyran, puisse, au jour du jugement, le Tout-Puissant lui refuser sa pitié !

Pourtant, au milieu de mes misères il est deux choses dont je remercie Dieu : l’une, c’est que je suis Afghan, et l’autre que je suis Khouchal, le Katak.

Cependant, depuis son départ, l’anarchie régnait sur la rive droite de l’Indus : la route royale était infestée, l’administration mogole

  1. Nec pietas ulla est velatum saepe videri
    Vortier ad lapidem multasque accedere ad aras,
    Sed mage…