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XIII. — LA FIN D’UNE RACE

Ô vents, dites-leur nos misères
Oiseaux, dites-leur notre amour !

Douce brise du matin ! Si tu passes sur Khairabad[1], si ta course te conduit vers Saraê[2], aux bords du Sind :

Donne-leur, donne-leur encore mes saluts et mes vœux ; donne-leur, donne-leur bien des fois l’expression de mon affection et de mon amour.

Au grand Sind[3] impétueux crie d’une voix sonore ; mais au petit Sind[4], dis d’une voix douce et murmurante :

« Peut-être boirai-je une fois encore une coupe de tes eaux : Car je n’ai pas toujours vécu aux bords du Gange et de la Jamouna. »

Rends la joie, ô Dieu, en me rendant à celle que j’aime, à ce cœur qui, à présent, séparé d’elle, est déchiré en deux.

Dans l’Inde, ô Khouchal, tu ne resteras pas pour toujours : car le pécheur même à la fin doit échapper au feu de l’enfer.

Que faire encore que de maudire le tyran, en attendant l’heure de la vengeance, tyran d’autant plus odieux qu’il est doublé d’un bigot et d’un saint :

  1. Au confluent de l’Indus et de la rivière de Caboul.
  2. Ville natale du poète.
  3. L’Indus.
  4. La rivière de Caboul.