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LETTRES SUR L’INDE

C’est avec ce cri de conquérant que fait irruption dans le Parnasse afghan le chef des montagnards Khataks, Khouchal Khan, prince, guerrier et poète. C’était vers l’an 1650 : Aurengzeb allait bientôt trôner dans le grand Divan de Delhi, et en France le grand règne allait commencer.

À cette époque, la race afghane, qui à présent est divisée politiquement en trois groupes, les Afghans de l’Émir, les Afghans de la Reine, et les Afghans indépendants[1], reconnaissait toute également la suzeraineté de la cour de Delhi : c’était d’ailleurs une suzeraineté assez légère, qui laissait aux Afghans assez d’indépendance pour se livrer à leurs guerres intestines, seule forme de la vie politique qu’ils aient jamais comprise.

Une des tribus les plus remuantes et les plus nobles était la tribu des Khataks, qui habitent la rangée noire de montagnes au sud de Péchawer.

En l’an 1640, le Khan, ou chef des Khataks, était Châbâz Khan, fils de Yahiyâ Khan. Un jour, dans une razzia sur les Akâ Kheil, à qui il enleva mille têtes de bétail, Châbâz, dans l’ardeur de la poursuite, reçut trois flèches, dont l’une à la tempe, et son fils Khouchal, qui l’ac-

  1. Pages 38-39.