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XII. — LA CONFESSION DU MOUNCHI

avec le chat ; puis le petit garçon avait pris un couteau, avait récité le tekbir[1], que l’on récite chez nous quand on égorge un animal de boucherie, et se mettait en devoir de couper la gorge au chat. Vous savez que c’est dans deux jours la fête de l’id ul zoha, où on égorge un agneau pour finir le ramazan. Et la petite fille criait et pleurait, parce qu’elle n’aimait pas voir couper la gorge au petit chat.

— Et qu’avez-vous fait, Ibrahim ?

— J’ai pris le chat à Housein et l’ai donné à Fatima, qui s’est mise à chanter et à rire de joie et elle a serré le petit chat contre son cœur en le caressant et s’écriant : « Allahou, Batcha ! Allahou, Batcha ! Allah, mon enfant ! Allah, mon enfant ! » Mais Housein s’en est allé pleurer auprès de sa mère, et sa mére ma fait une scène terrible toute la nuit, en me disant que je ne sais que faire pour rendre l’enfant malheureux et qu’elle me quittera avec ses enfants pour rentrer chez ses parents. Ah ! Sâb ! elle n’est pas facile à plaire ! »

  1. Voir plus haut, page 126.