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LETTRES SUR L’INDE

maintenant, elle jeûnera bien le moment venu, quand le jeûne sera devenu obligatoire. Le petit garçon ne jeune pas encore : j’ai beaucoup de peine à lui faire dire ses prières, et il faut le battre pour le faire aller à la mosquée. » Comme je me récrie sur le procédé, Ibrahim dit : « Dans les pays d’Islam, par exemple dans le pays de Svat, il y a un moudjtehid, qui, à l’heure de la prière, parcourt la rue, le fouet à la main, et pousse à coups de fouet à la mosquée les gens qu’il trouve encore dans la rue.

— Et ceux qui refusent d’y aller ?

— Il n’y en a pas : s’il y en avait, on les mettrait à mort. Il faut bien, Sâb, puisqu’ils ne veulent pas obéir à Dieu.

« Vous n’avez pas idée, Sâb, de tout ce qu’imaginent pour s’amuser le petit garçon et la petite fille. Et si vous voyiez le petit garçon chanter et la petite fille danser, branlant les bras avec les longues manches au bout des mains, de sorte que tout danse en elle, les pieds, les bras et les manches, vous diriez, Sâb, que c’est une belle ramacha, et moi, je n’en reviens pas.

« Ces enfants, Sâb, ont des idées étonnantes. Hier, en rentrant, j’ai entendu la petite fille qui criait et pleurait. J’ai demandé ce que c’était. C’était à cause du petit chat. Ils s’étaient amusés