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LETTRES SUR L’INDE

Mère, est-ce vrai que tu as pardonné à Zekehr ? Mais elle ne pouvait plus parler, et elle m’a regardé : je ne sais pas si c’était oui ou si c’était non. Ma femme dit que c’était oui et que je désobéis à ma mère.

« Hier, pendant que j’étais à travailler avec vous, mon beau-père est venu voir sa fille ; il a pleuré et en partant lui a laissé son turban pour le mettre à mes pieds. Vous savez ce que cela signifie : mettre son turban aux pieds d’un homme, c’est mettre sa tête aux pieds de cet homme, c’est lui demander grâce. Quand je suis rentré, ma femme est restée dans son coin, au lieu de se lever, comme une femme doit faire devant son mari, et sans me dire un mot. Puis, au bout d’une heure, elle s’est levée, elle est sortie, et a rapporté le turban de son père, qu’elle a déposé à mes pieds. Cela m’a mis en colère, parce qu’un beau-père ne doit pas s’humilier devant son gendre. Enfin, pour avoir la paix, j’ai consenti à paraître renouer connaissance avec mon beau-père, parce que c’est un vieillard et un homme pieux ; quand nous nous rencontrerons à la mosquée, nous nous dirons : Comment vas-tu ? pour qu’il n’y ait pas scandale ; mais ce sera tout.

« Zebehr a été condamné à un an et demi de prison et à 110 roupies d’amende. Tout le monde