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LETTRES SUR L’INDE

dans sa prière du matin et sa prière du soir. Ses prières me remirent, mais sans sauver sa mère.

À mon retour, elle traînait encore, à force d’aumônes et de boucs égorgés. Mais on commençait déjà à réciter les Achhadou. « Chez nous autres, Musulmans, me dit Ibrahim, quand une personne va mourir, toute la famille reste là, répétant sans cesse Achhadou, c’est-à-dire : « Je rends témoignage qu’Allah est Dieu, et qu’il n’y a pas d’autre Dieu. Je rends témoignage que Mahomet est son serviteur et son apôtre. » De cette façon, le mourant est tenu dans le souvenir de Dieu, il est porté à répéter Achhadou et à mourir en confessant la foi, ce qui assure son salut, quelques fautes qu’il ait commises durant la vie. Hier soir, en vous quittant, quand je suis rentré à la maison, je me suis approché du lit de ma mère qui ne disait rien. Je lui ai pris la main en disant : « Mère, est-ce que tu ne dis rien ? » Et vite elle s’est mise à répéter : « Achhadou ! (Je rends témoignage qu’Allah est Dieu, etc.), Achhadou !… »

Le lendemain, je reçus un mot d’Ibrahim me mandant que sa mère était morte et qu’il partait pour l’enterrer dans son pays, à Dodial. Il revint huit jours après. Il me dit : « Elle est morte en répétant Achhadou. Alors un ange est venu s’entretenir avec elle, l’a interrogée sur le