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XII. — LA CONFESSION DU MOUNCHI

très graves, elle sort la main de derrière le rideau, il tâte le pouls et, d’après cela, il prescrit les remèdes. Lundi dernier, le hakim est venu et a prescrit du quinine, mais cela n’a rien fait. Ma mère m’a dit alors : « Les drogues ne servent à rien, puisque c’est Dieu qui rend malade et qui guérit. Donne pour moi des aumônes aux pauvres. » J’ai fait des aumônes et elle s’est sentie un peu mieux. Puis le mal a repris et elle m’a dit : « Égorge un bouc et distribue la viande aux pauvres. » J’ai égorgé un bouc et distribué la viande aux pauvres ; mais elle tousse toujours et a l’air de celle qui va mourir. C’est un grand malheur pour vous, Sâb ; car je l’avais décidée à me dire pour vous les chansons de Fatima et de la nourrice du Prophète, qui ne se disent qu’entre femmes. Allah ne l’a pas voulu. »

Sur ces entrefaites, je quittai Abbottabad pour monter quelques jours à Murree, chez mon ami le colonel Pratt qui me disait : « Il fait bien chaud là-bas : venez respirer ici. » J’allai à Murree ; au retour, je cueillis une bronchite dans la montagne ; je m’arrêtai à Nathiagalli, chez les meilleures des gens, M. Fryer et Mme Fryer, qui me retinrent prisonnier jusqu’a guérison complète. Je recevais tous les deux jours une lettre d’Ibrahim, qui me donnait les nouvelles du pays et m’assurait qu’il priait Allah pour ma santé