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LETTRES SUR L’INDE

III

Quelques jours plus tard, la mère du Mounchi tomba malade. J’en eus grand chagrin. Je ne la connaissais pas, mais elle avait plus de cent ans et savait de vieilles histoires et de vieilles chansons qu’elle avait récitées pour moi à son fils. Je lui devais entre autres la Berceuse du Sikh, la chanson de nourrice la plus curieuse qui ait jamais été chantée près d’un berceau : elle l’avait donnée non sans résistance, ayant honte de chanter des chansons de femme devant un homme.

Un soir le Mounchi me dit : « Ma vieille mère est plus mal : elle tousse très fort. » — « Avez-vous appelé le docteur Jackson, Ibrahim ? » — « Oh ! non, Sâb. Elle ne voudrait pas d’un médecin Firanghi. D’ailleurs les femmes ne doivent pas voir le docteur. On appelle un hakim[1], on lui décrit l’état de la malade ; dans les cas

  1. Hakim, médecin indigène.