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XII. — LA CONFESSION DU MOUNCHI

phie. Ibrahim m’apprit beaucoup de choses sur le pays des Bulgares, qui sont un peuple féroce : car on dit en pouchtou « cruel comme un Bulgare ; » c’est un pays très lointain et où il fait jour six mois de suite et nuit six mois de suite. Puis il me conduisit au pays des fées, au Paristan, qui n’est séparé du pays des Engriz[1] que par une mer étroite et d’où les Memsâb[2] font venir leurs robes. Je me trouvais, à mon étonnement, transporté soudain dans mon pays, comme sur un tapis magique de Salomon. Les pauvres Pathans, ayant souvent admiré les robes merveilleuses des dames anglaises et entendu dire qu’elles viennent de Paris, avaient très logiquement compris qu’elles viennent du pays des Paris[3], ou comme nous prononçons en Europe, des Péris ; et, revenu en France, je ne veux pas laisser tomber dans l’oubli cet hommage inattendu aux doigts de fées de nos grandes faiseuses.

  1. Les Anglais.
  2. Les dames anglaises.
  3. Péri, fée. — Paristan, le pays des fées.