Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
LETTRES SUR L’INDE

n’avais pas appris l’hindoustani qui n’est pas une belle langue comme le persan, ni une langue sainte comme l’arabe, de sorte que je restai bouche close. Je me dis alors qu’il fallait apprendre l’hindoustani. Il y avait dans le paltan un Pendjabi qui connaissait un peu de pouchtou et j’appris avec lui comme ceci : je lui disais en pouchtou : Comment dit-on en hindoustani da sta sa nôm dai (quel est ton nom ?). Il répondait : tumhâra nâm kyâ hai, de sorte que quand le capitaine me demandait : comment dit-on en pouchtou tumhâra nâm kyâ hai ? je répondais da sta sa nôm dai, et c’est ainsi que j’enseignai le pouchtou et appris l’hindoustani. Je fus bientôt exempté du service ; je fus nommé pay havildar[1], puis Mounchi du régiment. Ma réputation montait, montait ; on ne parlait que de moi ; tous les Sâb venaient à moi et me courtisaient pour avoir des leçons. Ah ! c’est le Soubehdar au bouc qui était jaloux !.

« Je restai au service trois ans, neuf mois et onze jours. Le colonel voulait me retenir : il me disait : « avec ta science et ton génie, tu pourrais devenir Jamadar, Soubehdar, Soubehdar bedahour, avec cent cinquante roupies par mois. » Mais je restai inflexible et je répondis que, quand

  1. Sergent de paie.