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LETTRES SUR L’INDE

pareil, où sont réunies toutes les élégances de la conversation courante, de sorte que l’officier candidat qui aura appris par cœur ce bienheureux livre, parlera aussi purement et aussi couramment que le premier coupe-gorge venu de la frontière. Le livre est manuscrit et il n’y en avqu’un exemplaire ; mais l’exemplaire circule dans les districts : on le voit aujourd’hui à Kohat, demain il est signalé à Bannou ; depuis l’ouverture de la ligne béloutchie, on le rencontre jusqu’à Quetta et partout il fait merveille, partout il fait des candidats triomphants ; c’est le Mounchi fait livre. On parle sérieusement d’imprimer ce chef-d’œuvre à Lahore, aux frais du gouvernement : si j’étais le gouvernement, je n’hésiterais pas un instant : Car ainsi, chacun pourra parler un afghan élégant et correct, en Inde, en Angleterre, en France, en Russie, et personne n’aura plus d’excuse pour ne pas lire Akhoun Darvéza.

Je m’étais rendu à Abbottabad, attiré par la réputation d’Ibrahim, Son admirateur, le capitaine Dunlop Smith, m’avait dit à Labore : « Il n’est au monde de Mounchi qu’Ibrahim. » Comme j’avais l’intention de passer l’été à Simla, suivant la règle, je lui écrivis de Péchawer pour lui demander s’il serait disposé à m’accompagner là-haut. Il me répondit : « Comment pourrais-je ? J’ai ici quatre Sâbs qui lisent avec moi pour