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XI. — ABBOTTABAD ET LA VIE DE GARNISON

V

Je m’étais attardé jusqu’aux premiers jours d’Octobre pour assister à un spectacle que l’on ne voit pas partout, le Dasahra des Gourkhas. C’est le sacrifice du taureau célébré en l’honneur de Dourga-Parvati et de sa victoire sur le démon-buffle qui ravageait Mysore, le Mahichaisvara. La lutte dura neuf jours et le neuvième la déesse abattit la tête du monstre. La fête aussi dure neuf jours : pendant huit jours, les adorateurs font poudja à l’autel de Dourga et le Brahmane du régiment (un abominable gredin de Djaipore, qui m’a l’air du plus consommé Voltairien qui soit au monde), lit le Mahâtmya de la déesse. Le neuvième jour, a lieu le sacrifice du taureau. C’est dans les lignes des Gourkhas. Au centre, s’élève une colonne surmontée de tiges de riz et qui sert d’autel : les fusils sont alignés en faisceaux sous les couleurs du régiment, des fleurs jaunes de tchampa dans le canon. On amène le taureau à l’autel, on l’attache par le cou ; le