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LETTRES SUR L’INDE

d’autre langue que l’anglais, » s’écriait avec désespoir le malheureux.

Quelquefois un incident dramatique rompt la monotonie de la vie et renouvelle la conversation pour des semaines. Telle est l’histoire de la jument blanche du chapelain de la place, le Réverend John M.— Le Révérend qui est un vrai centaure, et chevauche comme un cavalier de l’Apocalypse, a dernièrement acheté du capitaine Martin, qui s’en allait, sa belle jument blanche pour 200 roupies. Il a galopé fièrement sur elle jusqu’au sommet de Nathiagalli où il passe l’été ; son saïs emmenait son vieux cheval bai. Or dernièrement, le charmant petit lieutenant Fairer entre tout ému au mess : « Vous savez, le Révérend ? Sa jument blanche ? — Oui, la jument du capitaine Martin. Eh bien ? — Eh bien, elle est tuée. — Pas possible. — Si ! En rentrant à Nathiagalli, il a attaché à un arbre la jument blanche et le vieux cheval bai. Pendant la nuit, la jument et le cheval se sont pris de querelle, ils ont brisé la longe, et le cheval bai a jeté la jument blanche dans le Khad[1] : tuée raide. — Pauvre jument ! Pauvre Révérend ! 200 roupies ! Quelle veine, le capitaine Martin ! » Quand le capitaine French

  1. Pente abrupte de colline.