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XI. — ABBOTTABAD ET LA VIE DE GARNISON

que le Katé toura avait disparu d’Abbottabad et chevauchait au bord de l’Oxus. Le pauvre Chah Zadeh est d’ailleurs à présent aussi nul que prince peut l’être. On a proposé de le nommer membre honoraire du mess : mais après réflexion on y a renoncé, crainte de le trouver trop souvent sous la table. On lui a seulement donné le droit de s’alimenter aux stores, par égard pour le sang royal.

Les officiers de la Frontier Force ne sont admis à titre définitif que quand ils ont passé l’examen de pouchtou du second degré. C’est une grosse affaire et qui fait du mounchi Mohammed Ibrahim Khan un grand personnage. Nous reparlerons de lui une autre fois. C’est un dur morceau à avaler que le pouchtou et qui fait faire bien des grimaces, même à des officiers de l’Inde, c’est-à-dire aux hommes du monde qui ont le plus d’examens à passer. Je me rappellerai toujours ce pauvre lieutenant O., qui avait demandé la faveur grande de passer de Calcutta à la frontière, sur le bruit vague que le climat était meilleur et la paie plus haute ; à peine arrivé, et tandis qu’il respirait à pleins poumons l’air frais d’Abbottabad, il apprenait avec terreur qu’il avait à apprendre le pouchtou et à passer l’examen dans l’année, sous peine de quitter et la frontière et l’armée : « et je n’ai jamais pu apprendre