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LETTRES SUR L’INDE

Force et le jeune lieutenant s’y rencontrent sur le pied d’égalité. Un officier autrichien que je rencontrai à Péchaver, était révolté de ce système, qui, me disait-il, est une école d’indiscipline. D’autre part, le Révérend C. me disait : Le mess est une République de gentlemen. Le commandant de place d’Abbotabad, l’excellent colonel Pratt, m’ayant fait admettre comme membre honoraire du mess pour tout le temps de mon séjour qui dura cinq mois, j’ai eu longue occasion de comparer ces deux jugements, et je puis dire que le clergyman est plus près du vrai que l’officier autrichien.

Tous les vendredis soir, il y a grand mess ; c’est le guest night, le soir où l’on reçoit les hôtes de passage. Tous les membres sont présents, la musique militaire joue dans le jardin et le commandant de place porte le toast à la Reine ; notez bien ceci, à la Reine, To the Queen, et non pas, comme le veut la nouvelle étiquette, à la Reine Impératrice, To the Queen Empress. On est conservateur dans le Pendjab et pour un Anglais pur Reine des Anglais est un titre mille fois plus auguste que celui d’Impératrice des Indes. L’Impératrice dégrade un peu la Reine.

La musique est fort passable ; on n’aurait jamais pensé qu’un Mogol de Népal pût jouer si fidèlement et avec tant de sûreté de l’Offen-