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XI. — ABBOTTABAD ET LA VIE DE GARNISON

Afghans offrent un troisième type, aussi différent : ils ont l’élan invincible, mais n’ont point la résistance ; ils sont incapables de l’effort soutenu : si la furie afghane n’emporte pas tout du premier coup, elle tombe et s’abat, l’élan de l’attaque se retourne et devient l’élan de la fuite. Dans la grande rébellion, ce sont les Sikhs et les Afghans, conquis de la veille, qui ont sauvé l’empire anglais. Ils forment encore avec les Gourkhas la partie solide de l’armée indigène. Par malheur, les Afghans sont peu sûrs ; ils luttent avec entrain contre leurs frères d’au delà de la frontière ou contre les gens de l’Inde révoltés, parce qu’ils haïssent leurs frères et les gens de l’Inde plus que leurs maîtres : mais ils ne sont fidèles qu’au succès et à l’argent. Les Sikhs, longtemps fidèles, par une sorte d’orgueil furieux, parce qu’ils ne voulaient pas avoir été vaincus par un maître inférieur, commencent à se lasser et reparlent de Dhulip Singh, le Maliki Penjab, « le Roi du Pendjab ». Une chose plus grave, c’est que les progrès même réalisés sous la domination anglaise ont tari les sources du recrutement. Le paysan Sikh trouve moins d’intérêt à s’engager comme soldat qu’à travailler comme laboureur dans le Pendjab, fertilisé par un admirable système d’irrigation : il gagne bien dans les champs deux ou trois fois les sept rou-