Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
LETTRES SUR L’INDE

armées d’Europe, à des fonctions différentes, mais seulement à des différences de stage, d’âge et de paie. C’est là dans le système anglais le trait qui déroute le plus l’étranger : il dérive de la nécessité de maintenir absolument indépendants l’un de l’autre le corps d’officiers indigènes et l’état-major européen, le commandement de détail étant indigène, le commandement d’ensemble européen. Il arrive tous les jours que le colonel délègue le commandement du régiment à un lieutenant de vingt-deux ans, frais sorti de Sandhurst, et les Soubehdars, à vingt ans de service, viendront prendre respectueusement ses ordres.

Des deux régiments d’Abottabad, l’un est à demeure permanente, c’est le régiment Gourkha ; Pautre change tous les trois ans : c’était pendant mon séjour le 2e Sikhs. Ce régiment, malgré son nom, n’est composé de Sikhs que pour une partie de son effectif : c’est un des principes de l’administration militaire anglaise de ne composer aucun régiment d’un seul élément : c’est là une des leçons que lui a enseignées la Grande Rébellion. On mêle autant que possible les races et les religions, pour les paralyser l’une par l’autre : sur les huit compagnies du 2e Sikhs, il y en avait trois de Sikhs proprement dits, trois d’Afghans, une de Pendjabis musulmans, une de Dogras :