Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
209
X. — ABBOTTABAD

voyez ici la trace du trou de la balle. Et le Doctor Sâb courut hors de la maison sur la route, et il arrêtait tous les coolies qui passaient et demandait : « Avez-vous vu la Mêm Sâb ? » et il a continué comme cela tout le reste de sa vie, parce qu’il était devenu fou.

« Or, presque tous les soirs depuis ce moment-là, les gens du compound voyaient le spectre de la Mêm Sâb se promener dans le jardin. Les Sâbs qui ont repris le bengalow ne l’ont pas vue ; mais un jour, comme le capitaine Rupple jouait du piano dans votre bureau, il entendit frapper à la porte de la salle de bain. Il dit : « Entrez », et la porte s’ouvrit, et une Mêm Sâb[1] en blanc entra dans la chambre ; elle regarda autour d’elle, puis traversa la chambre et ouvrit la porte du jardin. Le Captain Sâb courut pour la suivre, il la vit traverser le jardin et elle disparut : il demanda aux gens du compound s’ils l’avaient vue ; ils l’avaient vue aussi, mais ils ne savaient pas ce qu’elle était devenue. Le lendemain matin, le Captain Sâb, allant déjeuner au Miscot[2], raconta aux Sâbs ce qu’il avait vu ; mais les Sâbs se moquèrent de lui.

  1. Une dame.
  2. Le mess des officiers.