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LETTRES SUR L’INDE

de la montagne, appuyé sur son dast panâh, et la tache verte se fondit dans les buissons. La nuit tombait : les hauteurs de l’Orient étaient noires ; la lumière frêle de l’Occident flottait dans des remous de couleur, — vapeurs des rizières, fumées du sol, neige des montagnes ;  — par instant, dans une éclaircie de nuages, le soleil qui succombe derrière la montagne redressait vers le ciel un dernier éventail de rayons pâles.

II

Entre les parois des montagnes coule une rivière qui, en cette saison, monte à peine au garot du pony, mais qui est torrentueuse en hiver. Le lit a été creusé par la volonté séculaire du vent qui fouette et de la pluie qui ronge ; le fond est jonché de cailloux charriés des montagnes lointaines et façonnés par la main convulsive des éléments ; sur la face des parois ravagées, deux rangées parallèles de galets indiquent la place des anciens lits, parlent de deux