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X. — ABBOTTABAD

de miracles ; quand la pluie manque trop longtemps, il prie et la pluie finit par tomber. Et l’enfant aussi est déja un petit Bouzourg, et il fera aussi des miracles. Il s’appelle Séid Chah Din.

— Que fais-tu de cette cithare sous le bras ?

— Je chante les louanges du Prophète et de Fatimah.

— Où habites-tu, petit fakir, et de quel village es-tu ?

— Je ne sais pas, Sâb ; je vais de place en place, en priant Dieu.

— Où passes-tu la nuit ?

— Au feu des bergers quand il fait froid, et sur la dure quand il fait chaud.

— Et que fais-tu du matin au soir ?

— Je récite le Coran illustre ; je prie pour les hommes et pour moi, et je chante le Prophète.

— Prends ces quatre annas, petit fakir.

— Merci, Säb, que ferais-je avec de l’argent ? Les pauvres gens me donnent du pain lorsque j’ai faim, et il y a toujours de l’eau à la rivière ou dans la citerne de la route.

— Adieu, petit fakir en robe verte, et prie pour moi le Prophète.

— Adieu, Sâb, que Dieu vous bénisse !

Et le petit fakir descendit rapidement la pente