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LETTRES SUR L’INDE

Engriz avec leur fil à éclair. Car toutes les fois que vient un voyageur d’un des pays lointains, nous nous informons de tout ce qui touche ce pays ; à combien de kroh il est d’ici et quel est le Serkar ; si c’est un pays d’Islam ou d’infidélité ; si le gouvernement est juste ou tyrannique ; si les Musulmans y sont bien traités ou opprimés ; combien il y a de soldats, combien de fantassins et combien de cavaliers. Aussi nous savons beaucoup de choses, beaucoup de choses, continua-t-il en clignant les yeux, que les Engriz ne connaissent pas. » Je m’en aperçus en effet et j’appris bien des choses nouvelles de Séid Omar : j’appris par exemple qu’il y a douze mille Musulmans à Londres et neuf mosquées ; que l’Islam y avait été prêché par un clergyman converti, — ou perverti, comme disent les Anglais,  — le Révérend Green ; qu’il avait fait tant de prosélytes que la reine, alarmée, l’avait mis en prison ; qu’il avait abjuré, mais que les nouveaux Musulmans étaient restés fidèles au Prophète et que, tous les vendredis, ils parcouraient la ville en chantant des prières. Le pauvre Omar avait combiné et sanctifié, par un effort de charité synthétique, l’histoire du ritualiste Green et des momeries salvationnistes, dont des bribes, par je ne sais quel canal, étaient allées le trouver jusqu’a Péchawer.