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IX. — PHILOSOPHIE AFGHANE

djezailtchis pour protéger les caravanes dans la passe de Khaiber[1]. Or, autrefois, quand vous vouliez voyager, vous n’aviez pas besoin d’une police qui coûte cher : vous vous adressiez au Khan de l’une des tribus dont vous aviez à traverser le territoire, et il vous donnait un badraga, c’est-à-dire, un guide qui vous servait de sauf-conduit ; la tribu, qui vous voyait accompagné d’un badraga donné par son Khan, se gardait bien de vous piller, et les autres tribus vous respectaient aussi, pour ne pas s’attirer une mauvaise affaire avec un chef puissant. Il ne vous en coûtait que quelques bakhchich sagement distribués çà et là et on arrivait plus d’une fois à destination sans être pillé ni égorgé. »

Séid Omar est grand politicien, comme tous les Afghans. « Chez nous, dit-il, tout le monde s’intéresse aux choses de l’État et les comprend, et vous entendrez des enfants de dix ans discuter avec des Sifid rich[2] sur les affaires d’Hindoustan, d’Iran et de Rouss, si bien que vous ne sauriez distinguer quel est l’enfant et quel est le Sifid rich. Nous sommes informés de tout ce qui se passe dans le monde plus vite que les

  1. Voir la huitième lettre.
  2. Des barbes blanches.