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LETTRES SUR L’INDE

Pir Sahib, prouve un jugement, une décision et un sens du divin absolument remarquables.

Avec toute sa noblesse, Séid Omar n’est pas plus fier. C’est un petit homme mince, humble, modeste, timide, et que j’ai toujours trouvé loyal et honnête. On m’avait prévenu contre lui. Mohammed Khan, qui ne souffre point de rival, m’avait dit d’avance : « Défiez-vous de Séid Omar ; j’en sais de belles sur lui ; ah ! si je parlais !… » et il ne parlait pas, sachant bien qu’il est bon de sous-entendre quand on n’a rien à dire. Aussi quand le Séid vint me voir pour la premiére fois, je le reçus avec une certaine froideur ; il me demanda le matlab de mon voyage ; je lui répondis que j’étais venu du pays des Francs pour étudier le pouchtou ; sur quoi il battit des mains joyeusement, en s’écriant khob khob (bravo ! bravo !). Cette démonstration d’enthousiasme me parut exagérée et me déplut, me rappelant les mauvaises paroles de Mohammed Khan. Je reconnus plus tard que je m’étais trompé, que Basile était un des saints du loyal Mohammed, et le Séid et moi devînmes grands amis.

Séid Omar est tolérant : il n’a pas des Firanghis la haine bête et béate commune aux Afghans fervents. En voici un exemple. Une après-midi qu’il faisait fort chaud, je lui offris