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IX. — PHILOSOPHIE AFGHANE

l’ayant obtenue pour moi-même que sur promesse formelle de ne point la communiquer aux infidèles. Le saint homme qui me la dictait, le Maulevi M. I. Kh. — il me saurait mauvais gré de donner son nom — refusait même de me la laisser écrire dans le caractère arabe original, ce qui aurait été une profanation. J’ai été obligé de la transcrire en caractère firanghi, ce qui en diminue un peu l’efficacité ; je l’emploie quelquefois pour mon usage personnel et ne m’en suis jamais trouvé mal.

Abdelqader lui-même descendait en droite ligne du Prophète (béni soit-il !), par Ali et Fatimah ; de sorte que mon ami Séid Omar remonte à Mahomet en personne, comme l’indique d’ailleurs son titre de Séid. Il est vrai que, par le temps qui court, il y a beaucoup de gens qui se font Séids et que c’est un bon métier que de descendre du Prophète. Il circule par le Pendjab un méchant proverbe qui dit : « L’an dernier, j’étais tisserand (comme qui dirait de basse caste) ; cette année-ci, je suis Cheikh ; l’an prochain, si la récolte est bonne, je serai Séid. » Mais, si mon Séid n’est pas Séid, comme l’insinuent ses ennemis, il est digne de l’être et en vaut beaucoup qui le sont ; et d’avoir choisi comme ancêtres intermédiaires, entre lui et le Prophète, deux saints de la valeur de Séid Boukhari et du