Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
VIII. — LA COUPE DE DJEMCHID

reviendra que demain, » En ce moment, deux Afridis s’approchent et font leurs dévotions à la ziârat. Le Pir a raison, les loups viennent ici en pèlerinage, mais ce n’est pas seulement le vendredi.

Nous avons les faiseuses d’anges ; les Afghans ont les faiseurs de saints. Il est très utile pour un village d’avoir une tombe de martyr ; le martyr vous attire la bénédiction du ciel, les pluies, etc., sans compter les pélerins qui sont toujours d’un bon revenu pour les fakirs et pour les voleurs. Or, la confection d’un martyr, d’un chahid, est beaucoup plus facile chez les Musulmans que chez nous autres. Le martyr à la façon d’Occident est assez rare en pays d’Islam, depuis que les Croisades ont pris fin : est dit martyr tout fidèle qui est tué en combattant contre les chrétiens ou les idolâtres, ou bien tout fidèle mis à mort innocemment. Il suffit d’être assassiné pour être un martyr, faire des miracles et recevoir les prières et les vœux de l’Afridi qui passe. Il y a quelques années, les Afridis assassinèrent un saint homme qui vivait parmi eux, afin de s’assurer la possession de sa tombe : lui, devenait du coup chahid, vali, bouzourg et tout le monde y gagnait.

À quelques pas de la ziârat des loups, s’élèvent