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LETTRES SUR L’INDE

c’est-à-dire l’objet réel, le but caché et profond de sa visite ; sans doute, quelque trésor à découvrir, quelque talisman à emporter. Mais comme la discussion s’anime, les têtes se montent, les chiens s’abattent, les fusils partent : on court se barricader chacun de son côté, et Djemroud rentre dans l’état normal.

III

La route de Djemroud à Péchawer est assez vide, mais chacune des grandes périodes du Pendjab a laissé là un débris ou une légende. Faites d’abord un tour au fort de Djemroud ; c’est un fort à moitié français : il a été construit ou restauré par les officiers au service de Rundjet Singh. Du troisième étage, la vue domine tout le fer à cheval des montagnes afghanes. Ce ruisseau desséché devant vous est le ruisseau de Djemroud. Il est sept heures du matin ; le soleil monte et une immense nappe de lumière blanche inonde l’horizon comme une rivière céleste. Dans un coin du fort est une samadh, ou tombe hindoue ; elle