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IX
PRÉFACE

La merveille réelle est ailleurs : elle est dans le gouvernement de l’Inde, dans la simplicité étonnante des voies et moyens. Le principe du gouvernement anglais est dans le prestige : non pas le prestige du décor, la pompe extérieure et orientale, mais dans le prestige de l’homme sur l’homme. L’Inde est administrée par deux cents propréteurs, appelés Collecteurs ou Députés Commissaires[1], donr les pouvoirs varient considérablement suivant les provinces, mais partout comportent une part suffisante d’arbitraire pour parer à toutes les nécessités de l’imprévu. Ces hommes ne sont pas tous des grands hommes ni des génies, loin de là ; mais ils ont tous le don impérial, par nature et par tradition ; par nature, étant Anglais, c’est-à-dire d’une race qui, en général, aime mieux donner des ordres qu’en recevoir ; et par tradition, étant entraînés pour cette tâche spéciale de gouverner un peuple.

L’Angleterre a donné à l’Inde le bien qu’elle n’avait jamais connu, la paix. Elle a mis fin à l’anarchie permanente, à l’invasion étrangère, aux luttes civiles et religieuses ; à la guerre de tous contre tous ; elle a supprimé l’infanticide des filles, elle a éteint le bûcher des veuves. Elle a enrayé la

  1. Voir page 214.