Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
VIII. — LA COUPE DE DJEMCHID

Je quitte le sifid rich, en regrettant ma mauvaise chance : quelle gloire pour la science française, si j’avais rapporté au Louvre le couteau de cuisine de Djemchid ! Du coup, j’égalais presque l’archéologue qui rapportait naguère en Angleterre la bibliothèque de Noé, que ce patriarche prévoyant avait enfouie, comme on sait, à Sippara, à la veille du déluge. Quant à la coupe, ni homme ni Dieu ne put me dire ce qu’elle était devenue. Le Pir pense que si on pouvait faire des fouilles dans le talab, on la retrouverait sans peine ; mais on ne peut pas, puisqu’on y plante du blé. — Et je vis Djemchid se lever de son trône d’or, sur le pilier central du lac aux eaux pures : il tenait en main la coupe précieuse, où tant de fois il avait puisé le breuvage de science. Mais le sifflement du Serpent et de son armée sort de la passe noirâtre ; le roi se retourne, il voit la fumée du dragon qui monte au ciel, il jette un dernier regard sur la coupe où le soleil miroite, et la lance, en fermant les yeux, dans les eaux :

Il était un roi de Thulé…

Elle n’a pas été retrouvée, la coupe de Djemchid, non plus que la coupe du roi de Thulé, et