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LETTRES SUR L’INDE

substitution de l’exploitation réglée à l’exploitation irrégulière.

Le fort de Djemroud est anglais, mais le village de Djemroud est indépendant : le talab de Djemchid est sur le territoire du village, de sorte que pour y aller il faut une passe de l’agent politique et une escorte du malik. C’est, en effet, un principe du gouvernement de l’Inde de se considérer comme responsable, et par conséquence de considérer les indigènes comme responsables envers lui, de la vie de tout Européen qui passe de son territoire dans celui des tribus. Que vous soyez Anglais, Français ou même Russe, si un malheureux Afridi vous détrousse où vous égorge, les trompettes sonnent, et en marche : le prestige anglais est en jeu. C’est d’une politique assez fière, mais peu raisonnable au fond, et c’est une des causes qui font que les Anglais savent si peu de chose d’un pays et d’un peuple qu’il leur importerait si fort de connaître. Comme les moindres démélés avec la plus infime tribu peuvent aboutir à une levée en masse et que la moindre étincelle peut allumer toute la traînée de poudre qui court le long des frontières, — on le vit bien à Ambéla[1],  — le

  1. Voir la sixième lettre.