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LETTRES SUR L’INDE

Chah, qui, de la conquête de la Perse, marchait au pillage de l’Inde, fut arrêté un mois dans les passes et dut en frémissant acheter à prix d’or le laissez-passer de cette poignée de sauvages. Les Anglais, en 1842, plus regardants, eurent à regretter amèrement les économies de M. Mac Naghten : ils les payèrent avec le sang de 15, 000 hommes. En 1879, mieux avisés, ils payèrent sans regarder et s’en trouvèrent bien. La guerre achevée, ils eurent une idée de génie : ils proposèrent aux Afridis de faire la police des passes aux frais de l’Angleterre. Les financiers afridis calculèrent ce que rapportait, bon an mal an, le pillage des caravanes, déduction faite des risques et mirent en balance les avantages d’un revenu fixe et assuré, fût-il un peu inférieur. Les négociations furent longues et laborieuses ; cette commission du budget entendait ses devoirs et l’intérêt du pays. Enfin, en février 1881, une djirga générale, représentant toutes les tribus de Khaiber, apposa son sceau au traité à présent en vigueur. Le gouvernement britannique reconnaissait l’indépendance des Afridis, qui s’engageaient, de leur côté, à n’entretenir de relations politiques qu’avec ce gouvernement. Ils s’engageaient, moyennant une subvention régulière, à maintenir l’ordre dans la passe et à entretenir un corps de djezailchis pour la protection des caravanes. Ces