Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
LETTRES SUR L’INDE

émigrants du Border viennent chercher sur le territoire anglais la sécurité qu’ils ne trouvent point dans leur pays. Une chose nouvelle a fait son apparition dans le pays afghan, une chose plus étrange que le railway même : la justice, la loi. Les villageois qui, autrefois, réglaient entre eux leurs querelles d’après les prescriptions du code d’honneur afghan[1], vont maintenant en justice :

Car les Sahibs ont la même loi et pour le faible et pour le fort. Ils exercent à la perfection et la justice et l’équité et ne font pas différence dans un procès entre le fort et le faible.

L’homme d’honneur, ils le traitent avec honneur, et ne couvrent point le bandit, le coquin, le joueur. Ils exercent la royauté comme il convient à des rois et se font payer le tribut par radjahs et nawabs[2].

« Cependant, dit un des hommes qui ont le mieux connu les Afghans et qui ont le plus contribué à ces changements, quoique sous notre règle la vie et la propriété soient sans aucun doute mieux assurées et que la justice soit accessible à tous, je crois que la masse du peuple aimerait mieux revenir à la barbarie et à l’anarchie d’autrefois[3]. » S’il n’y a plus de guerre de

  1. Voir la troisième lettre.
  2. Chanson de Mahmoud.
  3. Gazetteer of the Peshawar district, 1883-1884.