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VI. — LE COBLENTZ MUSULMAN

l’imagination romanesque de la police indigène et sa façon de faire chanter les gens paisibles, renvoie les quatre voyageurs et tance le policier trop zélé.

Le Pendjabi, froissé au cœur de voir mises en doute son honnêteté et son intelligence, rêve la vengeance et, avec une admirable fidélité d’esclave, se chargera, en risquant ce qu’il a de plus cher, de dessiller les yeux des étrangers qu’il sert. Ne pouvant quitter son poste, il écrit à son fils, qui vivait dans un village de la frontière, d’aller à Malka, de s’enrôler parmi les rebelles et de ne point revenir sans les noms des chefs qui organisent la conspiration sur le territoire britannique. Le fils part, traverse les postes anglais au risque d’être pendu comme rebelle, arrive au camp, s’enrôle, pénètre tous les secrets et, un jour, revient exténué de fatigue, de dénuement et de maladie, frapper à la cabane de son père. Il rapportait les noms des trois organisateurs du parti : le grand prêtre Yahya Ali, l’écrivain public Jaffir, et le boucher Mohammed Chafi : ce dernier était le pourvoyeur en chef de l’armée anglaise du Pendjab. Ils furent condamnés à mort, puis, par commutation, déportés aux îles Andaman.

L’organisation de Patna était brisée ; mais le « camp rebelle », le Coblentz de l’Hindous-