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V
PRÉFACE

haï comme infidèle, méprisé comme peu sûr et immoral[1] ; dans le conflit imminent pour l’Empire de l’Asie, point de secours à espérer que contre argent comptant ; en fait, point d’appui permanent ni sincère à attendre, parce que le champ de pillage s’étend de l’aurre côté de l’Indus et non de l’Oxus.

« Il faut dire, pour être juste, qu’il y a soixante ans les Européens pouvaient voyager en sécurité à travers l’Afghanistan[2] ; que les sentiments présents de haine à outrance ont été créés en 1838 par l’agression gratuite de Lord Auckland, le libéral, et qu’au moment où ils expiraient peu à peu[3], le conservateur Lord Lytton, il y a dix ans, les a ranimés d’une façon trop intense peut-être pour laisser aucune espérance de remonter de nouveau le courant de la haine et de la défiance. Ajoutons toutefois, comme un symptôme rassurant d’ordre négatif, que le nom de la Russie n’est pas encore sur les lèvres des politiciens chantants de l’Afghanistan et que la « Figure Divine qui vient du

  1. Voir page 80, note 3.
  2. Voyages de Masson.
  3. Durant la grande Rébellion de 1857, l’Empire anglais dans l’Inde fut sauvé par la neutralité de l’Émir d’Afghanistan et par le concours actif des districts afghans.