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LETTRES SUR L’INDE

élevé, le Maître a prononcé le tekbir ; car il est le boucher qui les égorge[1]. L’ombre de la robe du héros couvre les Ghazis.

La grande figure du héros, le Sahib de Svat, dominait toute la lutte. On disait qu’il était venu, monté sur un âne, à la tête de quarante mille cavaliers. Comme il se tenait prudemment à l’abri des balles, on disait qu’il avait le don de se rendre invisible :

Fuyez, ô Firanghis, si vous voulez vous sauver ; le Sahib chevauche et les Akouzais le suivent. Dans les ravins d’Ambéla gisent les Blancs avec leur ceinture rouge, la tête hérissée.

La miséricorde du Seigneur fut sur le Babadji[2] ; car il a repoussé les Firanghis jusqu’à Calcutta.

Ô Babadji, puisses-tu avoir un fils qui étendra son pays jusqu à Calcutta !

Par malheur il y a des tièdes, il y a des traîtres : qu’ils soient maudits !

Par l’intercession du Prophète, ô Maître, agréez cette demande de moi : rendez boiteux des deux pieds quiconque me fait la guerre ; lancez la maladie sur sa famille, faites descendre le malheur sur lui.

  1. Pour égorger les bestiaux selon le rite, le boucher doit prononcer sur eux le tekbir, c’est-à-dire la formule Allah Akbar : Dieu est seul grand.
  2. Le Père, le Sahib.