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VI. — LE COBLENTZ MUSULMAN

Les balles de rifles pleuvaient en pluie fine. Le Député dit au Commissaire : « Ils ont avec eux un fakir puissant contre lequel on ne peut combattre. » Les régiments des Blancs[1] pleuraient à cause du Pir[2] : « Quand serons-nous délivrés ? Ils escaladent nos remparts, nous ne pouvons arrêter les Ghazis, l’épée ne laisse pas trace sur eux. »

Ô Maître, je te le dis, bénie soit ta patrie, la terre sacrée de Bouner et de Svat !

Le général s’écria : « Je n’ai plus le souffle au corps : quelle catastrophe ! Mon armée a été mise en pièces. Je n’y reviendrai plus, à quoi bon ? Je n’ai pu réduire Svat. »

Ô Seigneur, fais une charogne de cet impie de Lahore : il sera repoussé et brisé. Les uns s’enfuient à quatre pattes, les Ghazis font une boucherie des autres, ils n’atteindront pas Tchimla.

Ils s’enfoncent dans les taillis, mais ils n’en seront pas sauvés, les bandits, les serpents. Ils n’osent tourner le front pour la lutte ; les Ghazis les ont fait fuir le long de la vallée ; l’Islam a fait grande fête sur eux.

Six mois[3] les Firanghis ont lutté aux bords du Surkavi ; ils y ont péri en masse. Du haut d’un rocher

  1. On appelle Blancs (Gaura) les soldats anglais et Noirs (Kala) les sipayes.
  2. Pir, vieux : chef religieux.
  3. En réalité deux mois.