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LETTRES SUR L’INDE

les Svatis à nommer un chef, un roi, à qui ils payeraient la dîme de leur moisson pour entretenir un corps d’armée défensif. Il fit nommer Séid Akbar, frère de Séid Omar, de celui-là même qui avait appelé à Sitana les Hindoustanis fugitifs. C’était un pas en avant vers la politique d’action et une avance aux Hindoustanis. Si Séid Akbar avait encore été là au moment de la grande rébellion, la position des Anglais devenait critique ; mais, par un de ces coups merveilleux de bonne fortune dont les Anglais ont été coutumiers (iqbal), il mourut le 11 mai 1857, le jour même où éclatait la rébellion. La mort du Séid Akbar fut le signal de la guerre civile : le fils d’Akbar, Mobarak Chah, réclamait son héritage ; mais les Svatis étaient déjà las de la dîme et de la royauté. Sur ces entrefaites arrivèrent cinq cents cipayes, déserteurs de l’armée anglaise : Mobarak Chah les prit à son service ; mais après la première bataille, ils demandèrent mille roupies de solde, ce qui rompit la bonne intelligence. Le Sahib de Svat, tranquillisé pour l’instant du côté des Anglais, se rallia au parti populaire ; le roi Mobarak fut chassé, et les cipayes congédiés allèrent périr de faim et de misère dans les ravins et les montagnes. C’était un grand coup porté indirectement aux intransigeants de Sitana ; un coup plus