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LETTRES SUR L’INDE

III

Cependant, un pouvoir nouveau grandissait à Svat, de même nature que celui de Séid Ahmed, mais différent de caractère et de tendances : celui d’Abdoul Ghafar, dit le Sahib ou Maître de Svat.

Abdoul Ghafar était né à Siki, près d’Akora, dans le district de Nauchéhra. Il n’était pas Pathan de naissance, il était Goudjar, une des basses castes du Nord-Ouest : mais chez les Musulmans, un homme de race inférieure peut s’élever par l’austérité. À dix-huit ans, il entra dans l’ordre d’Abdel Qader Ghilani, — l’ordre auquel appartint le Mahdi,  — et s’établit dans une petite île de l’Indus, près d’Atrock : il y vécut douze ans en reclus, d’herbe sauvage et de lait de buffle. Il rentra alors dans le monde ; c’était le moment où paraissait Séid Ahmed : les deux hommes se rencontrèrent et se heurtèrent. Abdoul Ghafar était avant tout un théo-