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LETTRES SUR L’INDE

Il semblait perdu : il se releva plus fort que jamais. La défaite n’avait point ébranlé son prestige et le succès de sa fuite l’avait rehaussé. On disait qu’il réduisait les canons au silence et rendait les balles inoffensives. Fatteh Khan, de Pandjtar, le père de ce Mouqarrab Khan dont je vous contais dernièrement l’histoire, se mit à son service et bientôt toutes les tribus des Yousoufzais le reconnurent pour maître et lui payèrent la dîme. Ces tribus, à qui la force n’avait jamais pu imposer de maître, s’appelât-il le Grand Mogol, en prenaient un d’elles-mêmes et c’était un vaincu, un fugitif. Un des Sardars de Péchawer, un des traîtres de 1826, Yar Mohammed, vint l’attaquer dans ses montagnes : Ahmed le surprit de nuit, le tua et s’empara de tout son camp.

Il n’y aura jamais de chef pareil à Yar Mohammed. Mais l’automne est venu pour lui et le voici jonché à terre.

Ses frères sauront bien le venger, chacun en est convaincu, que ce soit Pir Mohammed qui vienne, ou Rahamdil de Kandahar.

Avant de mourir, il a envoyé un messager à Pir Mohammed : « Vite, accours : une terrible catastrophe s’est produite. »

Les rossignols[1] ont tordu leurs pattes roses. Ô palais, tu es désolé.

  1. Les femmes du palais de Yar Mohammed.