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VI. — LE COBLENTZ MUSULMAN

enrôla plusieurs centaines de ses compatriotes les plus ardents et il se dirigea vers les montagnes de Péchawer pour prêcher la guerre sainte parmi les Afghans, qui sont proches cousins des gens du Rohilkhand.

Séid Ahmed n’était point allé là au hasard. À la date de 1824, le grand ennemi de l’Islam était, non pas l’Anglais, encore lointain, mais le Sikh, maître du Pendjab, idolâtre et persécuteur. Depuis les dernières années d’Ahmed Chah, la guerre sainte était en permanence entre le Sikh, profanateur de mosquées, er le Pathan, égorgeur de vaches. Après avoir parcouru tout le pays afghan, de Péchawer à Candahar, en annonçant la conquête du monde infidèle « depuis les Sikhs jusqu’aux Chinois, » il lança son Manifeste et annonça l’ouverture de la guerre sainte pour le 21 décembre 1826. Les Sardars de Péchawer, princes mondains et tout à leurs plans d’ambition personnelle, ne purent marcher contre le courant et joignirent leurs troupes aux bandes hindoustanies d’Ahmed, gonflées de milliers de montagnards. Ahmed enveloppa les Sikhs à Saïda ; mais au commencement de la bataille, les Sardars, gagnés par la politique sikhe, abandonnaient Ahmed ; ce fut un immense carnage des Afghans ; Ahmed s’enfuit à Svat presque seul.