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LETTRES SUR L’INDE

sur son passage : à Calcutta, telle était l’affluence des prosélytes, qu’il lui devenait impossible de les initier individuellement en leur mettant à chacun la main sur la tête : il déroulait son immense turban et tous ceux qui le touchaient devenaient siens.

En 1822, pour compléter sa propre initiation, il se rendit à la Mecque. Il en fut chassé. Les docteurs, en s’entretenant avec lui, avaient reconnu avec horreur les doctrines wahabites. Le Wahabisme est une secte puritaine dont les principes sont : unité de Dieu ; — égalité des hommes ; — point d’intermédiaire entre l’homme et son Dieu. Comme conséquence : toute prière et tout culte aux saints, condamnés comme œuvres d’idolâtrie ; — toutes les cérémonies introduites depuis le Prophète, proscrites ; — la guerre sainte érigée en devoir sacré. Les Wahabites, fidèles à leurs principes, avaient chassé d’Arabie les Turcs corrompus, saccagé les deux villes saintes, profané les tombeaux des saints, dépouillé la Caaba des offrandes accumulées de onze siècles. Le Séid de Bareilli, arrivé par ses réflexions solitaires aux doctrines d’Abdoul Wahâb, rentra dans l’Inde à la fin de 1823, décidé, non plus à prêcher, mais à agir. Sans s’arrêter à Bombay, où il retrouvait dès ses premiers pas l’apothéose de Calcutta, il rentra dans le Rohilkhand, où il