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III
PRÉFACE

fort de ce qui se passe dans la tête de ces pauvres sauvages, qui s’inquiètent fort peu de ce qui se passe dans la tête de ces diplomates. C’est qu’ils sont une des grandes inconnues dans le problème anglo-russe et que la destinée future de l’Inde est en partie dans leurs mains. Un jour le grand empereur Akbar se promenait avec son fils Selim dans le fort d’Agra, sa grand ville. « Père, lui demanda le prince, pourquoi ne fais-tu pas creuser un fossé autour d’Agra ? — Mon fils, répondit l’Empereur, le fossé d’Agra, c’est l’Indus. » Or ce sont les Afghans qui montent la garde sur ce fossé.

Il n’est donc pas inutile de comprendre le caractère de ces gens. C’est ce que j’ai essayé de faire en les écoutant chanter. Les Afghans sont un peuple chantant et la chanson populaire a toujours été l’expression la plus claire, comme elle est la plus sincère, du caractère national. La partie neuve de ce livre, et la seule peut-être qui ait une valeur, a été écrite sous la dictée des chanteurs afghans.

Pour résumer le jugement que porte sur l’Afghan la chanson afghane, je demanderai la permission de reproduire les lignes que j’écrivais ailleurs sur ce sujet[1] :

  1. Afghan Life in Afghan Songs, dans la Contemporary Review d’Octobre 1887.