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V. — LES AFGHANS DU YAGHISTAN

Le malheur des temps et la présence des Anglais rendent aujourd’hui la guerre sainte moins profitable, et c’est un sentiment sincère, une haine désintéressée qui arme à présent les Ghazis. Il y a peu de butin à gagner, rien que le paradis. Dans l’Afghanistan propre, c’est la guerre sainte néanmoins qui a produit toutes les grandes coalitions afghanes du siècle, d’abord contre les Sikhs, puis contre les Anglais. C’est un mollah de quatre-vingt-dix ans, Mouchki Alam, de Ghazni, qui, il y a sept ans, soulevait d’un coup l’Afghanistan subjugué contre l’envahisseur qui croyait tout fini. C’est son fils, dit-on, qui, à présent, guide les Ghilzais.

Dans le Yaghistan, deux hommes dans ce siècle ont exercé une véritable dictature et un pouvoir plus que royal ; ce sont deux saints, Seid Ahmed et le Sahib de Svar. Ces deux hommes, rivaux et ennemis, morts l’un et l’autre, l’un il y a un demi-siècle, l’autre il y a cinq ans, sont encore les vrais maîtres du Yaghistan ; car ils ont créé une force qui subsiste encore et qui fera sentir son influence dans les complications de l’avenir. Voici leur histoire.