sous sa garde, fussiez-vous son ennemi mortel ; il vous protègera contre ceux qui vous poursuivent, fût-ce au prix de sa vie : une fois dehors, il reprend tout droit sur votre tête. C’est le nanavatai.
Vous connaissez la légende corse, contée par Mérimée, du père tuant son fils qui a indiqué aux gendarmes la cachette du proscrit : la poésie afghane a la même légende, mais avec un degré de plus dans le tragique : ici, c’est le fils qui se fait justicier sur le père. Dourkhani, amante d’Adam Khan, poursuivie par un fiancé odieux, s’est réfugiée sous le toit d’un ami de sa famille, Pirmamai : celui-ci la livre pour cent roupies, pendant l’absence de son fils Goudjar Khan :
Goudjar Khan, parti en voyage, revient à la maison ; les pans de son turban flottaient sur ses épaules.
On lui dit : « Ô Goudjar Khan, ton père a livré Dourkhani à Payavai ; Payavai l’a emmenée prisonnière. »
Goudijar Khan cria : « Où est mon père ? Dis-le-moi ! Le feu me sort du corps. »
Pirmamai s’abritait derrière un mur ; il entendit ces mots.
Vite, il sauta à cheval et courut de l’avant ; la terreur lui faisait ruisseler la sueur.
Goudjar Khan galopait sur un cheval blanc, il le lâcha à la poursuite de Pirmamai ; il laissa flotter les deux rênes sur le cou du cheval.