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V. — LES AFGHANS DU YAGHISTAN

IV

En effet, aucun Afghan de sang-froid n’oserait blâmer Mouqarrab. L’Afghan, par une contradiction, qui n’est qu’étrange en apparence, est fier et franc, mais ne se sent pas lié par sa parole. Il regarde en face, même l’Anglais ; il parle librement, il n’emploie pas les formules écœurantes d’humilité de l’Hindou, traite d’égal à égal avec l’Européen. « Nous autres, me disait l’un d’eux, nous ne connaissons pas les houzour (Votre Excellence) et les farmâyîd (Daignez !) » Il a l’idée de l’honneur et il a même un mot pour la chose : nangi pukhtâna, « l’Honneur afghan ». Par malheur, la loyauté n’est pas parmi les vertus de l’honneur afghan.

L’Honneur afghan, tel qu’ils le définissent eux-mêmes, comprend trois lois, nanavarai, badal, mailmastai, loi d’asile, loi de revanche, loi d’hospitalité.

Une fois passé le seuil de l’Afghan, vous êtes