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LETTRES SUR L’INDE

joyeux. Ce fut une grande douleur, chez les Othman Kheil ; leur temps est passé.

Leur souveraineté est passée, mais ils ont trouvé la mort du martyre ; que Dieu leur donne le paradis ! Moi à présent, je prie pour eux, bien qu’il y ait déjà un rosier sur leur tombe[1].

Fais de leur tombe un parterre de roses, Ô Dieu nourricier ! Que Dieu leur donne un regard de lui, qu’il leur donne les houris avec leurs colliers, et des palais célestes en djaguirs[2].

La mort vient rapidement sur toi ; ni khan, ni arbab n’y échappent : elle ne laisse debout ni roi ni nawab. Ô Arsal, ce monde est fugitif : à tout homme il ne reste que le regret.

Le poète, sans approuver précisément Mouqarrab, comprend bien au fond que le khan ne faisait que se défendre ; à y regarder de près, quel est l’homme qui, à sa place, n’en aurait pas fait autant ? Mais les membres de la Dijirga, ayant été assassinés, sont martyrs ; ils auront donc place au paradis, et, de toute la scène d’horreur, il ne reste dans le cœur du poète que le sentiment édifiant de la vanité de la vie et de la nécessité de faire son salut.

  1. Le sang des martyrs fait pousser des roses.
  2. Djaguir, fief.