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V. — LES AFGHANS DU YAGHISTAN

II

L’état de guerre est, en effet, l’état normal de Svat, comme de tout pays afghan. Il y a un gouvernement rudimentaire dans la tribu, qui reconnaît l’autorité d’un khan, autorité généralement héréditaire et fixée dans un clan ; mais cette autorité est précaire et limitée en fait : pour toutes les mesures importantes, le khan ne peut agir que du consentement et sur l’avis de la Djirga, ou Conseil des anciens. Quand un khan déplaît à un parti, le parti prend les armes, à la vieille façon française, et le fusil décide. La mort d’un Khan est ordinairement le signal d’une guerre civile : ses frères, ses fils, ses cousins ont chacun leurs partisans ; ce sont surtout les cousins qui sont de bons prétendants : le mot qui signifie cousin, tarbour, signifie aussi rival, ennemi mortel, de sorte que le français : « Ils ne sont pas cousins », se traduirait littéralement en afghan : « Ils sont cousins ». Il arrive souvent que deux familles rivales se disputent le khanat,