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LETTRES SUR L’INDE

d’un demi-siècle, vivent tranquillement à Loudhiana aux frais du gouvernement anglais. Il est probable qu’ils ont oublié l’Afghanistan aussi profondément que l’Afghanistan les a oubliés ; et, quoiqu’il soit toujours utile d’avoir sous la main une ménagerie de prétendants, ce ne serait pas le moment de les lâcher tant que l’Émir tient. Ce serait d’ailleurs, même si l’Émir tombe et si un prince anti-anglais menace de le remplacer, une pauvre recommandation que de venir demander sa part à la curée avec le titre de pensionnaire des Anglais. Nous pouvons donc laisser de côté les Sadouzais. L’Émir n’aura en face de lui que des Baroukzais, des oncles, des neveux, des cousins.

Le véritable héritier du trôrie, s’il arrive malheur à l’Émir, c’est le petit Mousa Djan, fils de l’ancien Émir Yakoub Khan. Yakoub Khan, le fils de Chir Ali, avait été emmené prisonnier par les Anglais, à la suite du meurtre de Cavagnari ; il est encore leur hôte forcé à la frontière du Nepal, dans les forêts de Dehra-Doun. Mais son frère, le brave Ayoub Khan, avait réorganisé la résistance dans la province de Hérat, proclamé Mousa Djan, et, apparaissant subitement devant Candahar, il avait écrasé le général Primrose à Maivand et assiégé à Candahar les débris de son armée. Repoussé par le général Roberts