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LETTRES SUR L’INDE

manquent pour l’instant, tant qu’on n’aura que les renseignements incertains et souvent dénués de sens donnés par la presse anglaise d’Europe, et qui généralement ne font que reproduire, en y corrompant les noms propres d’une façon fantastique, les bruits de bazar de la frontière anglo-afghane. Les seuls renseignements qui puissent avoir quelque valeur sont ceux qui sont fournis par le Pioneer, d’Allahabad, le journal semi-officieux de l’Inde, dont le principal reporter, toujours au courant des secrets de Simla, a fait la guerre d’Afghanistan, comme correspondant du Pioneer et du Daily News, en a écrit une bonne histoire et connaît bien les choses et les hommes du pays.

Si les Ghilzais se soulèvent en masse, la position de l’Émir sera difficile, parce que les Ghilzais sont aux portes des trois grandes villes : Candahar, Ghazni, Caboul. Cependant, même en cas d’un soulèvement général, l’Émir est sûr de triompher si le reste de l’Afghanistan reste fidèle. Son armée est bien organisée pour une armée orientale, et il est probable qu’un grand choc entre ses troupes et les bandes ghilzaies serait une répétition de l’histoire de 1801. Par malheur pour l’Émir, il a d’autres ennemis que les Ghilzais : il y a des prétendants qui n’ont pas renoncé, et il a lassé bien des dévouements.